C'est des fragments de voyages qui appellent à la découverte.

Ce nombre semble choisi avec précision alors que son but est, au contraire, de le questionner. Est-ce une référence à un appareil photo ? Un billet d’avion ou de train ? Est-ce le nombre de voyages ? À quel moment a-t-on commencé à compter ?

La réponse se trouve un peu partout. Mais les nombres impairs, eux, sont souvent associés à l’indépendance, à l’individualité et à l’action. Symboles de courage, d’innovation ou de créativité, ces nombres, comme cette série de clichés, nous montrent la force du mystère : chaque voyage nous rappelle qu’il est essentiel d’accepter la nuance pour en capter l’essence.

Chacun des clichés s’apprécie simplement, indépendamment des autres, avec comme trait commun un goût prononcé pour la lumière chaude et les noirs profonds. Cet esprit contrasté se lit dans les images, dont l’argentique a guidé une grande partie du travail, mais pas seulement. Cette dualité se retrouve aussi dans les outils utilisés, puisqu’une image réalisée avec intelligence artificielle s’est dissimulée dans la série. À vous de la repérer !

Ces clichés, réalisés durant quatre ans, mettent en valeur deux tirages plus grands, “In the Flow” et “Backstreet Cadillac”.

D’une part, la fameuse vague d’Imsouane, connue pour sa déferlante régulière. Une vague qui s’élève grâce aux fonds de la digue du port de pêche, pour venir embrasser le banc de sable de la plage et former un espace lisse,  une glisse propre, “glassy”. Le graal de tout surfeur.

D’autre part, un cliché volé dans les rues sombres de Montréal, où il est difficile d’attribuer une époque. Capturée près du célèbre flagship de mode Ssense, la scène laisse peu d’indices. Cette voiture nous sort tout droit des années 1980 tandis que les masques sur les visages nous rappellent les années 2020. Mais la Cadillac Seville noire s’impose. Symbole d’une brutalité inspirante, elle donne envie de se retourner sur son passage en écoutant un morceau de Nas, “Made You Look”.

Deux photos qui symbolisent le thème de la série Voyage 395. Entre l’authenticité sombre de la rue montréalaise et l’attitude relâchée d’un surfeur marocain, ces deux scènes s’opposent par leur univers mais s’unissent par ce qu’elles représentent : parfois sombres, parfois douces, mais toujours nuancée.

Jean Collin